Steve Abou Rjeily, co-fondateur de Doctolib

Partager
Logo-Doctolib

Témoignage de Steve Abou Rjeily, co-fondateur de Doctolib

Doctolib est une plateforme française qui permet à tous de trouver rapidement un professionnel de santé près de chez soi et de prendre rendez-vous gratuitement en ligne en quelques clics. L’entreprise a particulièrement le vent en poupe en cette période inédite de Covid-19.

Steve Abou Rjeily, co-fondateur de Doctolib, est venu nous raconter la success story de cette start-up devenue licorne lors du Rendez-vous des entrepreneurs de Courbevoie 2020.

 

Aux origines de Doctolib, un pépin du quotidien

Steve Abou Rjeily a créé Doctolib il y a déjà 13 ans. Sa fibre entrepreneuriale lui a été transmise très tôt de par son cadre familial : du haut de ses 14 ans, il avait déjà créé Ajeans, une société de vente de t-shirts.

L’histoire de Doctolib commence à Courbevoie, alors que Steve est étudiant à l’EMLV, école de commerce du Pôle Léonard de Vinci : “J’en garde d’excellents souvenirs ! Je pense que le Pôle Léonard de Vinci a en partie forgé mon caractère et ma détermination à créer une structure, à changer la donne dans un domaine, le secteur de la santé”.

C’est à l’occasion d’un échange universitaire en 2011 à Séoul, en Corée du Sud, que l’idée de Doctolib germe dans l’esprit de Steve. Comment ? Tout simplement suite à une mésaventure du quotidien : durant son voyage, Steve tombe malade. Il a besoin de consulter un médecin, mais ne connaît pas le système de santé coréen. C’est alors que son colocataire coréen lui propose de lui trouver un professionnel de santé parlant français et qui serait disponible dans les prochains jours. Comment est-ce possible ? C’est très simple : grâce à une plateforme digitale ! Steve Abou Rjeily décroche donc sans aucun problème un rendez-vous médical correspondant parfaitement à ses besoins dans un environnement qu’il ne connaissait pas… une innovation qui n’existait pas encore en France à ce moment-là.

 

Un projet à vocation humaine

C’est ensuite sa rencontre avec Stanislas Niox-Château, serial entrepreneur qui avait déjà monté plusieurs structures (entre autres La Fourchette, Balinea ou encore Weekendesk) qui permettra à Steve Abou Rjeily de lancer la plateforme Doctolib à tout juste 23 ans. “Stanislas Niox-Château avait à cœur de faire un projet dans la santé depuis très longtemps et suite à une rencontre avec deux incroyables talents dans l’informatique, Jessy [Bernal] et Ivan [Schneider] qui nous ont rejoint, nous avons lancé Doctolib en novembre 2013″, raconte-t-il.

L’idée d’exporter le concept d’une telle plateforme en France n’était pas sans risques. Pour lancer le projet, les équipes de Doctolib ont voulu comprendre en amont comment les professionnels de santé géraient le patient, le flux d’appels entrants, et comment ils s’organisaient sur la partie “agenda” de leur cabinet. “En 2013, on a l’idée, on a l’équipe mais il a fallu confirmer que le projet était viable et que le projet était une attente et un besoin des professionnels de santé. Nous sommes allés rencontrer 500 professionnels de santé et assistants pour comprendre comment ils fonctionnaient, comment on pouvait améliorer leur quotidien et comment on pouvait simplifier leur organisation“, commente le co-fondateur de Doctolib. A l’issue de cette étude de terrain, les professionnels de santé sont conquis par le concept novateur en France, ce qui vient confirmer que le projet répond à une véritable attente du corps médical français.

La plateforme permet aux professionnels de santé de se recentrer sur l’humain et moins sur la gestion administrative, avec un effet vertueux : la plateforme permet de créer de l’emploi et de lutter contre les déserts médicaux :  “Les professionnels de santé nous disent qu’on crée des emplois dans les cabinets car les assistantes médicales et/ou secrétaires sont une charge importante”. Il précise : “aujourd’hui, comme on arrive à les soulager du temps administratif, cela leur permet de se concentrer sur leur métier qui est celui de la santé, d’accueillir plus de patients et de générer plus de revenu qui leur permet de recruter davantage.

Le business model ? Tout est gratuit pour le patient. C’est le praticien qui paie un abonnement mensuel (pour l’aide à l’assistance médicale) auquel s’ajoutent les tarifs des modules qui l’intéressent.

 

La co-construction et l’esprit d’entreprise comme recette du succès

Depuis sa création, Doctolib adopte une stratégie de co-construction avec les professionnels de santé. “On co-construit Doctolib avec les professionnels de santé, on ne fait rien sans avoir le retour des praticiens sur une fonctionnalité qu’ils souhaiteraient et sans la tester auprès d’eux”, commente Steve Abou Rjeily. Il ajoute : “Nous avons rencontré et formé 100 % des professionnels de santé sur l’usage de Doctolib pour avoir un point de contact, valider un usage et avoir un suivi pour avoir l’utilisation la plus parfaite possible.

Cette stratégie portera d’ailleurs ses fruits dès le lancement de la plateforme : “Dès que notre premier médecin généraliste a utilisé Doctolib, dans la journée où on lui a mis en place, il y a eu de la prise de rendez-vous en ligne alors même qu’aucun patient ne connaissait le nom « Doctolib » ni la plateforme ”.

Pour Steve, le succès repose aussi sur l’esprit d’entreprendre, sans hésitation : “On veut créer une équipe d’entrepreneurs. On a deux missions entrepreneuriales depuis le jour 1 : 1/ comment on contribue à améliorer le système de santé grâce à la technologie, et 2/ comment bâtir une entreprise de milliers d’entrepreneurs où il fait bon vivre. Je pense que cette notion d’entrepreneur, c’est extrêmement important. C’est avoir un projet et réussir à avoir des résultats liés à ce projet. Aujourd’hui on recrute des personnes selon leur état d’esprit, selon la vision qu’elles partagent avec Doctolib, selon qu’elles veulent avoir un impact sociétal fort. Parfois, on regarde assez peu le niveau d’études.” Ce besoin de créer une équipe d’entrepreneurs est à la source de la start-up qui, deux mois après sa création, levait déjà un million d’euros pour lui permettre de recruter une centaine de business developers “entrepreneurs”.

 

Une stratégie et une ambition à long terme

Résultat : aujourd’hui, 50 millions de Français se connectent sur Doctolib mensuellement, 80 spécialités médicales y sont référencées et 125 000 praticiens utilisent le service, dont 33 000 en téléconsultation. La plateforme évolue constamment en greffant une dizaine de nouveaux services à la fonctionnalité de prise de rendez-vous, tels que la téléconsultation, l’adressage entre professionnels (un médecin peut vous prendre rendez-vous directement via la plateforme avec un praticien/spécialiste qu’il vous recommande), la communication / marketing patient…

Doctolib compte deux sites principaux en France, l’un à Levallois-Perret et l’autre à Nantes (dont le lancement a été officialisé il y a un mois), ainsi que 36 bureaux sur le territoire français. Une belle croissance prometteuse.
Pour autant, Ô surprise ! Doctolib n’est pas rentable ! Steve explique : “Aujourd’hui, on a fait le choix de ne pas être rentable à terme. Pourquoi ? Pour réinvestir tout ce qu’on gagne pour pouvoir continuer à embaucher, à créer les services du futur et avoir une vision long terme. Nous pourrions être rentables en l’espace de six mois, mais nous sommes sur une tendance de cent recrutements par mois. L’objectif est de doubler la taille des équipes dans les dix-huit prochains mois, pour atteindre 2 800 salariés !”

Quid d’exporter le modèle à l’étranger ? “Le système de santé est unique à chaque pays et c’est donc difficile de dupliquer un service tel que Doctolib dans d’autres pays. L’Allemagne [où Doctolib est présent] est un marché extrêmement intéressant car c’est le 1er marché en Europe pour les professionnels de santé, un marché plus ou moins similaire au marché français au niveau de la structure du système de santé mais totalement différent au niveau culturel. On a beaucoup appris, c’est un beau challenge !”

 

La crise du Covid-19 : un booster incroyable de l’activité

Avec la crise du Coronavirus, le service de téléconsultation de la plateforme lancé le 1er janvier 2019 décolle littéralement. 100 000 téléconsultations par jour auront lieu pendant la crise du Coronavirus alors qu’auparavant, elles étaient de l’ordre de 1 500. Cela représente une patientèle de 1.400.000 Français ayant réalisé au moins une consultation vidéo depuis début mars 2020 ! Et Steve Abou Rjeily de préciser : “On constate que c’est un usage qui va perdurer puisque depuis la fin du confinement, on est autour des 41.000 téléconsultations par jour, donc c’est 30 fois plus que précédemment. Je pense que c’est un usage que les Français vont adopter de plus en plus, et surtout que les praticiens vont plébisciter pour les cas de figure où le présentiel dans le cabinet médical n’est pas obligatoire.”

Pendant cette crise, Doctolib a ainsi décidé d’agir et d’être solidaire en fournissant gratuitement à l’ensemble des professionnels de santé en France et en Allemagne l’outil de téléconsultation, qui est normalement un service additionnel payant. Aujourd’hui, 33 000 professionnels de santé utilisent la téléconsultation sur Doctolib.

Durant la crise, Doctolib a également dû se restructurer en peu de temps : “Nous ne pouvions pas imaginer la crise sanitaire qui s’est produite, et on s’est restructuré en l’espace de quelques jours.” La start-up devenue licorne a ainsi mis en télétravail ses 1 400 salariés en 24 heures. Un défi relevé dont Steve Abou Rjeily est fier : “Nos équipes ont fait un travail incroyable ! On a réussi à créer une équipe de 1 400 entrepreneurs qui ont pris ce devoir citoyen de pouvoir être à la disposition des professionnels de santé pour les aider à se réorganiser et maintenir une activité sanitaire, afin de ne pas couper le lien entre la population et le corps médical.”

 

Des conseils à suivre pour entreprendre

Si Steve Abou Rjeily devait vous donner des conseils pour entreprendre, ce serait d’être structuré et de définir ses priorités. La gestion du temps est essentielle. Il faut aussi réseauter, notamment pour trouver le bon serial entrepreneur qui va vous accompagner et, enfin, viser l’excellence.

Il faut toujours progresser, vouloir se remettre en question, essayer, échouer, réessayer, mais toujours avancer et vouloir constamment apprendre ! Chez Doctolib, chaque jour, on doit avoir appris 3 nouvelles choses pour réussir sa journée !” nous confie-t-il.

 

Vous voulez en savoir plus sur les coulisses de cette belle aventure ? Regardez la vidéo !

A lire également…

  • Paul Morlet, fondateur de Lunettes Pour Tous

    Paul Morlet, fondateur de Lunettes Pour Tous

  • Sébastien Forest, fondateur de Allo Resto / Just Eat

    Sébastien Forest, fondateur de Allo Resto / Just Eat

  • Le Guichet Unique

    Le Guichet Unique

Partager